Rakia © Keffer

Rakia © Keffer

Jolie plume, voix suave et rocailleuse, valsant entre la folk, la soul, l’afro et l’électro : voici Rakia ! Sa musique est riche, tout comme son histoire… Rakia a su conquérir les cœurs de bon nombre d’artistes français pour lesquels elle a fait la première partie. Focus sur cette artiste dont le premier EP a particulièrement touché la scène française…

Un éveil musical dès le plus jeune âge

La petite Anaïs Leplanquois (alias Rakia) commence la musique au Conservatoire. Dès l’âge de cinq ans, ses parents l’inscrivent à des cours d’éveil musical où elle apprend la guitare. Cet instrument, choisi au départ par défaut, deviendra une passion qu’elle pratiquera avec ferveur durant toute son enfance et son adolescence. Durant ses années de lycée en internat à Vire, Anaïs s’ennuie et tente donc de s’inscrire à des cours de batterie et de piano. À dix-sept ans, la musicienne se met à l’écriture de chansons en anglais, textes auxquels elle incorporera progressivement le français.

À côté de ses activités musicales, Anaïs pratique le théâtre. Passionnée par cet art, elle aspire à devenir comédienne ou metteure en scène. À l’âge de dix-huit ans, elle est repérée par la salle de concerts du Cargö à Caen. Fin 2013, Rakia fait donc la première partie de Ben l’Oncle Soul, alors en concert dans la salle caennaise. Cet événement annonce bien d’autres concerts dans sa région en 2014, et c’est à ce moment qu’Anaïs sait qu’elle fera de la musique son métier. Elle prend alors le nom de scène de « Rakia », son prénom de naissance. Anaïs est en effet originaire du Niger, et a été adoptée à l’âge de trois mois par des parents normands.

Début 2015, elle croisera également la route d’Orelsan lors d’une de ses répétitions au Cargö, pour sa tournée pour les Casseurs Flowters. Après l’avoir écouté, Orelsan encourage Rakia à continuer la musique. De la salle du Cargö au tremplin des Chantier des Francos 2016 (du festival des Francofolies de la Rochelle), elle se fait progressivement remarquer dans le milieu. Rakia fait plusieurs rencontres avec des directeurs artistiques. Ces derniers collaborent avec elle lorsque son projet musical prend forme. « Je suis signée dans le label Polydor chez Universal et j’ai une grande liberté de création » annonce-t-elle.

Rakia, un premier EP miroir sur la vie de l’artiste

Après cette entrevue, Rakia est amenée à revoir Orelsan qui la conseille sur la manière de structurer ses chansons. Au fur et à mesure de ses compositions, Anaïs trouve le point de rencontre entre le fond (le texte) et la forme (la musique). À ses débuts dans la musique, Rakia chante en anglais variant entre la folk, la soul voire le reggae. Elle joue aussi bien des reprises que des compositions personnelles.  N’ayant que sa guitare pour l’accompagner, elle aspire néanmoins à plus de diversité dans sa musique, inspirée notamment par le hip-hop et la chanson française. Avec Vincent Choquet, un autre musicien, elle se met à composer sur ordinateur en ajoutant différentes pistes de boîtes à rythmes, basse, drums et chœurs jouées sur clavier. « Dès le début je voulais faire de la musique plus moderne que de la simple folk ou de la soul. J'ai pris le temps pour enrichir et découvrir mon univers musical. Aujourd'hui je décrirais plutôt ma musique comme de la variété teintée d'afro et d'électro. »

Ses inspirations musicales sont variées, car Rakia écoute de tout. Ses influences vont du groupe américain Dirty Projectors, de l’artiste belge Stromae à l’auteur-compositeur nigérian Tony Allen et au chanteur burkinabè Victor Démé. Elle est également touchée par la musique de Jeff Buckley et de Barbara. Cette dernière influencera notamment Rakia par sa fameuse citation : « Chanter, pour moi, c’est une religion ». Pour Rakia, la musique est en effet plus qu’un métier : c’est un langage qu’elle a l’impression de comprendre, et qui fait revivre la langue simplement parlée au quotidien.

Le 7 février 2020, Rakia sort son premier EP sobrement intitulé Rakia. Composé de quatre titres, l’opus exorcise les questionnements, les émotions et les ressentis de l’artiste, mais aussi sa quête identitaire en tant que jeune femme noire dans une petite ville de province. Dans La Vallée, la Normandie, Rakia témoigne de son manque et de sa peur de l’abandon... La musique est pour Rakia un moyen de raconter son envie d’exil et son mal de vivre (comme si bien illustré dans son morceau À la Racine). Pour Rakia, jouer de la musique est quelque peu cathartique. Par le titre Ma Prière, Rakia témoigne une pensée aux migrants en quête d’une terre d’accueil, qu’elle voit régulièrement dans le centre ville de Caen. « En les voyant, je me suis dit que moi aussi, j’aurais pu être dans leur équipe. Si j’étais restée au Niger, j’aurais peut-être été une migrante, moi aussi » ajoute Rakia. Dans le titre Sous le Soleil, l’artiste parle de sa mère biologique, représentée dans le clip par la mer, matrice de toute vie sur Terre. Rakia s’exprimera notamment par rapport à ce morceau : « C'est le plus ambitieux je pense, tant au niveau du texte que de la production. » Chaque titre s’accompagne d’un clip qui métaphorise la chanson par le biais d’illustrations poétiques et dynamiques. De sa voix chaude, charnelle et intense, en contraste avec ses textes mélancoliques, Rakia nous livre son histoire à travers ce premier EP, telle une plume dans un journal intime…

Des premières parties de concerts remarquables

Après son concert avec Ben L’Oncle Soul, Rakia fait rapidement la première partie pour les concerts de Fauve, Cats on Trees, Yaël Naïm, ou encore Susheela et Mesparrow. Parmi toutes ces rencontres, deux collaborations la touchent particulièrement : celles d’Ayo et Jain. « Pour leur bienveillance et leur naturel » déclare l’artiste à propos de ses consœurs. De son côté, Rakia se produit également en solo : elle joue dans plusieurs salles nationales comme le Palace de Surgères, ou au Théâtre Le Marais de Challans.

La jeune chanteuse se fait donc peu à peu remarquer, et c’est en 2019 que Rakia participe à des festivals comme celui des Bars en Trans de Rennes et le MaMA Festival à Paris. Ce dernier événement la marque beaucoup : « C’était la première fois que je jouais en groupe avec mes deux musiciens. Une superbe expérience ». Après avoir sorti son premier EP Rakia l’an dernier chez Polydor, la jeune chanteuse compte cette année sortir son premier album déjà enregistré, courant septembre 2020. Rakia commence par ailleurs à penser à un deuxième opus… en attendant, pensez à jeter une oreille sur l’EP, disponible sur toutes les plateformes de streaming ! Bonne écoute !

Retour à l'accueil