Laura Lovero : l’harmonie de l’image et de la musique
Laura Lovero a toujours aimé l’art dans sa plus grande richesse. Néanmoins, celle qui avait tout d’abord fait des études graphisme s’est véritablement sentie animée par la musique, et a décidé d’en faire son métier. C’est ainsi que le 21 mars 2021, l’artiste sort son premier EP Mirage, un opus de quatre titres pleins d’espoir en cette actualité trouble, où l’image et le son sont en harmonie…
Du graphisme à la musique
Petite, Laura Lovero se souvient avoir été chaque année au festival d’arts des rues qui se déroulait dans la ville de Ferrare, dans son pays de cœur qu’est l’Italie. Elle se rappelle aussi avoir croisé à chaque coin de rue bon nombre de musiciens jouer. C’était sans compter l’envie grandissante de la petite Laura de participer elle aussi à cet événement : “Intérieurement, je me disais que moi aussi, j’avais trop envie de jouer là plus tard !” Son père étant musicien, c’est en effet tout naturellement que Laura Lovero s’intéresse à la musique et commence à chanter très jeune. Alors âgée de six ans, elle prend des cours de chant au Conservatoire pendant un an, pour ensuite continuer à chanter pour elle-même. Elle s’éprend aussi du théâtre, discipline qui la suivra durant toutes ses années de lycée. “Le théâtre comme la musique sont pour moi très liés. (...) J’ai toujours voulu faire de la scène.“ réalise-t-elle.
Connaissant bien la dureté d’intégrer le milieu de la musique, Laura Lovero opte pour des études de graphisme et en intégrant une école spécialisée à Châtelet. Là-bas, elle exploite un temps sa créativité et découvre le métier de la direction artistique. Elle entre également dans un groupe de musique créé par une de ses professeurs de web design qui souhaite réaliser un spectacle de fin d’année. Ce groupe au sein de son école lui permet de garder un pied dans sa passion. Malgré ce passe-temps, la jeune étudiante sait bien que la frustration de jouer sur scène la démange, mais elle tient bon. C’est lorsqu'elle commence ses premières expériences professionnelles que Laura déchante véritablement : “ Mon travail était assez exécutif, j’avais l’impression d’être un robot” Le soir, après une dure journée de travail, Laura se retrouve donc à jouer de la musique dans sa chambre. “La musique, je m’y retrouvais vraiment. Je me sentais vivante ! Quand je rentrais du taf, je faisais de la musique.” Tandis que Laura chante des reprises, elle se met à composer ses chansons chez elle, en s’accompagnant à la guitare.
La passion de Laura pour la musique a fini par l’emporter sur son avenir tout tracé dans le graphisme. “J’ai finalement tout lâché, je me suis mise au chômage pendant un an, année durant laquelle je n’ai fait que de la musique.” Devenue serveuse, elle chante également au sein du restaurant où elle travaille pour animer les soirées. En parallèle, elle continue ardemment à s’appliquer dans son activité musicale, en participant notamment à des cours de chant et de guitare à l’école ATLA, avant de s’accompagner d’un coach pendant trois ans. Dans son école, elle découvre les jam sessions auxquelles elle participe. La jeune artiste découvre aussi la MAO par le biais de tutos YouTube, et réalise un stage de production sur le logiciel Ableton à l'école Fastlane à Montpellier; avec le producteur Rhino (Fade) comme professeur. Dans un parcours semi-académique, semi-autodidacte, Laura Lovero se réalise progressivement dans la musique en tant que professeur de chant et chanteuse, et c’est sur cette lancée qu’elle crée son premier EP, Mirage..
Un style musical onirique et rétro-futuriste
C’est donc pendant le premier confinement de 2020 que Laura Lovero produit entièrement Mirage, un premier EP de quatre titres : Mirror, Soleil, Vie et Wanna Let Go. Pour ses deux morceaux Vie et Soleil, elle fait appel à son guitariste Lewis Edell pour jouer sur ses prods. Avec l’équipe du Studio Hedayat, Laura enregistre, mixe, et masterise ses chansons Vie, Wanna Let Go et Soleil. Elle travaille sur son morceau Mirror au Studio La Stelle, situé à Carrières-sur-Seine. C’est ainsi que l’EP Mirage voit le jour, le 21 mars 2021.
À travers Mirage, Laura Lovero expérimente une pop synthétique rétro-futuriste, notamment par ces pesantes nappes de synthé “électro-cosmiques” inspirées de Kavinsky. Outre les claviers, l’artiste use aussi bien du piano que de la guitare, ainsi que de la batterie : “J’adore faire mes batteries en MAO.” Si Laura devait décrire son style musical, ce serait de “l’électro synth pop & neo soul”. La musique de Laura Lovero est aérienne et s’influence aussi bien de l’artiste de musique électronique Kavinsky que du groupe de rock psychédélique The Holydrug Couple. Le rappeur américain Travis Scott inspire également la jeune chanteuse, tout comme le concentré “rap-pop-rétro wave” de l’artiste outre-atlantique 070 Shake et la soul r’n’b d’Alicia Keys, le r'n'b alternatif de ABRA ainsi que le groupe aux diverses influences Little Dragon. On attribue également à Laura Lovero l’influence de Lana Del Rey pour son titre Wanna Let Go, très probablement pour ces chœurs de voix célestes et cristallins : “Quand j’étais au studio, c’était flagrant.” Bien sûr, la musique de son père n’a cessé de la bercer durant toute son enfance “Mon père a fait son premier album quand je suis née. Je connais par cœur toutes ses chansons. Il y a beaucoup d’orgues, de synthés, et je pense avoir gardé ça dans ma tête.”
Pour écrire ses chansons, Laura use de l’écriture automatique, une méthode exutoire qui consiste à faire sortir les mots spontanément, sans vraiment réfléchir. “Quand j’ai des émotions fortes, je prends toujours un papier et j’écris tout ce qui me passe par la tête. Je n’efface pas forcément : je garde les idées, et j’essaye de recomposer à partir de ça. C’est pour ça qu’au final, c’est vraiment une chanson… pure ! (...) Je compose toujours comme ça, toujours sur la spontanéité.” Elle compare par ailleurs ce travail rédactionnel avec le dessin par une jolie image : “C’est comme un dessinateur qui va prendre une toile et qui va dessiner son truc en impulsion, et puis après il va redessiner, il va recorriger le truc. C’est un peu comme ça que je fonctionne.” L’écriture automatique permet à Laura de libérer son inconscient et de déverser ses émotions sur le papier, que ce soit de bons comme de mauvais sentiments. Une méthode qui ne laissera jamais de page blanche !
Mirage, un exutoire un brin surréaliste où fusionnent son et image…
Cette spontanéité d’écriture amène à des paroles abstraites, à double-sens, inspirées notamment par un courant poétique qui a beaucoup influencé Laura : la poésie surréaliste. Alors au lycée, elle découvre et se passionne des écrits de l’écrivain français Robert Desnos : “C’est à partir de là que j’ai écrit de la poésie et des chansons. J’étais vraiment passionnée et je trouvais cette poésie incroyable ! On n’y comprend pas grand chose mais il y a toujours un sens caché, des double-sens. C’est à nous en tant que lecteur de décortiquer et d’analyser le poème. On y trouve donc un sens en fonction de notre perception des choses.” Les films “mind fuck” fascinent également Laura, qui aime chercher l’interprétation de chaque symbole et situation bizarre. On retrouve notamment cette inspiration par le lien qui lie les chansons entre elles, chansons qui ont chacune une symbolique.
Diverses émotions nous traversent à l’écoute de l’EP, mais aussi différentes ambiances, ainsi que bien des images et des couleurs… “Ce que j’aime bien, c’est créer des thèmes par chanson. Il y a derrière chaque chanson une couleur, un univers, un "mood"...". Dans ses chansons, Laura Lovero s’exprime donc sur ses émotions fortes, sa perception d’elle-même et des autres, ses relations, ses désillusions et cette folle envie de liberté et d’espoir qui l’éprend, surtout en ces moments troubles. Pour Laura, la musique est “un média”, “un exutoire, (...) qui permet de raconter les choses et de rendre les événements beaucoup moins douloureux, de sublimer les douleurs, les peines, pour essayer de passer au-dessus.” Néanmoins, la chanteuse se fait assez évasive quant à ses expériences… “Dans chacune des chansons, je connais moi-même l’expérience que j’ai eue. Ce qui est intéressant avec ça, c’est qu’il y a forcément d’autres gens qui ont vécu cette expérience, et ils peuvent adapter les paroles en fonction d’eux-mêmes.” Mirage représente aussi bien le reflet de Laura Lovero que celui de son auditoire, du fait de sa libre interprétation qui rend les thèmes personnels de son opus universels. Le leitmotiv de Mirage ? “Se libérer de soi, de l’emprise des autres et des images qu’on nous envoie… Se libérer avant tout.”
Quand bien même Laura s’est lancée dans la musique, le graphisme ne l’a pas entièrement quitté. “Pour moi, il y a des choses qui sont liées : tu as l’univers visuel et tu as aussi l’univers sonore.” déclare-t-elle par rapport à son œuvre. La jeune femme reste en effet marquée par la direction artistique, et use du graphisme pour communiquer sur son projet musical. Pour ce faire, elle s’aide de son ami d’école Thomas Vibert (aka Studio Pilule), dont le personnage en 3D qui apparaît sur la cover de l’EP en est la signature. Ensemble, ils façonnent les lyrics vidéo de Wanna Let Go et Mirror, ainsi que la pochette de l’EP Mirage. À propos de cette collaboration, Laura s’exprime : “Pour lui dire ce que je voulais, je lui ai donné des mots-clés, des couleurs, un moodboard... il a fait la pochette avec ça. Par exemple, je lui avais dit que, pour Mirage, je voyais un truc aride mais en même temps avec des couleurs roses et bleues, quelque chose d’onirique…” Pour concevoir son univers visuel, Laura Lovero s’influence d’illustrateurs comme Leif Podhajsky, graphiste des pochettes de Bonobo, de Tame Impala, de The Horrors ou encore de Foals. Elle développe alors un univers rétro-futuriste très lisse, aux couleurs pastels virant vers des tons orange et bleus vibrants. “C’est en fait un mélange entre le vintage et le futur, des choses un peu “oniriques”, un peu… spatiales !”. Laura Lovero réalise aussi un vidéoclip pour son single Wanna Let Go. Le clip dégage une sensation de beauté et d’étrange : on y voit la chanteuse courir sur les dunes d’une plage. On aperçoit aussi son alter-ego danser dans une maison désertée et se battre contre lui-même dans les flots opaques d’une mer agitée… Wanna Let Go est une invitation au lâcher prise, une course pour la vie et la liberté, que l’agence audiovisuelle Maison Kristie a su dépeindre à travers ce clip abstrait. “Elles sont à l’école Condé, elles y font de la photo et de l’audiovisuel." explique Laura. "Elles ont monté leur petite agence audiovisuelle et j'ai vraiment adoré ce qu’elles faisaient au niveau de la photo et du clip qu’elles avaient fait pour Dahlia Music. J’avais trop kiffé et du coup je leur ai envoyé un message.” Une rencontre et trois semaines d’écriture plus tard, le clip est tourné sur Paris et à Saint-Georges-de-Didonne, près de Royan.
Le single Wanna Let Go confronte le conscient au subconscient, et aborde la question du genre (“Changer les genres, changer les modes”) et du fait de trouver sa place en tant que femme, notamment dans l’industrie musicale. “Dans la vie, j’aurais aimé qu’on porte attention sur autre chose que le physique d’une femme. C’est toujours une douleur. Par exemple, quand on me dit : “Mais t’es jolie, tu réussiras dans la musique !” ou “Une meuf qui fait sa propre musique ? Ah bah bravo pour une fille !”. C’est difficile de sortir de ce schéma où quand tu es une femme, tu peux vivre certaines situations qui ne te mettent plus en confiance par rapport à toi-même et à tes réelles capacités. Parfois tu ne peux pas savoir si l’on vient te parler pour collaborer réellement avec toi ou alors si c’est pour te draguer par la même occasion... Du coup, il y a une méfiance qui se crée et une peur d’évoluer dans le milieu de la musique car tout ce que l’on souhaite en tant qu’artiste, c’est être considéré comme telle et c’est tout.” s’exaspère Laura, qui exprime ce ras-le-bol à travers un personnage androgyne en pochette d’album. “Je voulais une cover où on ne devine pas qui je suis, où on ne me juge pas forcément sur mon physique au premier abord.” Une prise de position qui va en opposition avec le trop coutumier “male gaze”, et qui s’exprime notamment par les photos de Maison Kristie : “Ces photos me définissent bien. Je ne veux pas être dans une position de séduction permanente, je veux juste être moi-même”. L’image reste donc extrêmement importante pour Laura, que ce soit dans la forme comme dans le fond.
Deuxième EP, carrière solo et groupe de rock psyché…
Depuis quelques mois, Laura Lovero s’est inscrite sur la plateforme Groover pour faire découvrir sa musique auprès des médias indépendants et des labels. Un deuxième EP est déjà en cours, avec déjà trois chansons de réalisées. L’EP inclura un morceau dansant, mêlant la soul à la house. ”J’aimerais bien faire des collaborations en posant ma voix pour des projets de musique électronique” reconnaît la jeune chanteuse. Laura compte aussi davantage se perfectionner dans l’utilisation de son PAD, afin de pouvoir jouer des drum pads en live, en même temps que le chant et le synthé.
Hormis ce souhait de toucher davantage aux musiques électroniques, Laura Lovero désire aussi créer un groupe de rock psyché. Un projet “hyper chill”, qui servirait de défouloir expérimental en parallèle à son projet professionnel plus "electro synth pop neo soul”. Laura aime toucher à tous les genres musicaux mais aussi à tous les arts et ce, jusque sur les planches ! “Depuis toujours, j’ai envie de faire un show avec de la musique, un décor, du stylisme, des danseuses.eurs". Son rêve? Conquérir la scène des salles underground parisiennes ! Après avoir été galvanisée par la magie de la scène lors du tremplin du BackStage en 2018, Laura souhaite performer à l’International, au Supersonic, au Point Éphémère, à la Maroquinerie… et bien d’autres ! “Je kifferais jouer dans un club” s’enchante Laura. “J’aimerais bien voir des chanteuses.eurs dans des clubs, parce qu’on n’en voit pas souvent. Revenir aux années House et Disco des États-Unis, avec de vrais chanteuses.eurs et tout… ce serait très stylé !”
Avant la reprise de concerts physiques, Laura Lovero souhaite retrouver progressivement la scène en se produisant en livestream. L’artiste attend avec hâte l’arrivée de l’été, et pour cause : elle compte parmi les noms d’artistes de la prochaine édition du festival associatif Just For You, à Alençon (Normandie). L’événement pour lequel elle avait déjà joué il y a deux ans se tiendra début juin, avec le chanteur reggae Vanupié en tête d’affiche ! On croise les doigts pour que les festivals soient au rendez-vous cet été…
En attendant, le premier EP Mirage de Laura Lovero est à écouter en boucle sur toutes les plateformes de streaming ! De son côté, Laura espère continuer à avancer dans son œuvre et ressentir cette adrénaline qui la motive à chaque sortie qu’elle réalise… on est déjà pressés d’écouter son prochain opus !
Pour en (sa)voir plus sur l’artiste :