Le hang drum © Tous droits réservés

Le hang drum © Tous droits réservés

Ceci n’est ni un frisbee, ni une gamelle cabossée et encore moins une statuette de l’art Jōmon, non : il s’agit bel et bien d’un instrument de musique. On l’appelle « handpan », « hank drum » ou encore « hang drum »… et il relaxe aussi bien ses auditeurs que ceux qui en jouent ! Découvrons donc l’histoire de cet étrange instrument, et le pourquoi du comment le hang drum nous envoûte tant…

Le hang drum : l’instrument qui venait de Mars ?

Sa forme de soucoupe vous évoque des contrées martiennes dignes de films de science-fiction ? Son son vous remémore des paysages tropicaux aux eaux turquoises et sable fin ?  Détrompez-vous : le hang drum tient ses origines de la Suisse ! « Hang » veut par ailleurs signifier « main » en dialecte bernois. Il peut aussi dire « colline », faisant alors référence à la forme de l’objet. En revanche, le hang drum est bien inspiré du steel pan, instrument caribéen que Felix Rohner et sa compagne Sabina Schärer découvrent en 1976. Les sonorités métalliques et hypnotiques du steel pan fascinent suffisamment  le couple suisse pour qu’il souhaite créer son propre instrument, en alliant deux hémisphères en acier dans son atelier nommé PANArt Hangbau AG. La fabrication du hang drum ne s’arrête cependant pas là : pendant quinze ans, le couple fait plusieurs essais, et tente diverses formules, matériaux et formes. Le couple s’influence de divers instruments  afin faire évoluer ce qui allait devenir le hang drum : gong asiatique, gamelan, ghatam, tambour, cloche, scie musicale... Un long travail d’étude, qui pousse même le duo à collaborer avec des physiciens. Enfin, le hang drum voit le jour en 2000, et continuera de se perfectionner au fil des ans.

Felix Rohner et Sabina Schärer © Alex Langata

Felix Rohner et Sabina Schärer © Alex Langata

Une fois conçu, cet instrument moderne fait tout de suite sensation auprès des musiciens en quête d’originalité (malgré son prix élevé de 2 000 euros) ! En effet, le succès du hang drum est éclair et très vite les commandes pleuvent… une situation qui n’est pas prévue par le couple d’inventeurs. Finalement, Felix et Sabina en viennent à sélectionner leur clientèle : les acheteurs voulant se procurer un hang drum se doivent alors de rédiger une lettre de motivation. C’est donc plus de 20 000 lettres que le couple reçoit à l’atelier, et seules les plus convaincantes sont retenues. Les heureux élus peuvent donc se rendre à l’atelier suisse pour obtenir le hang de leur choix, en fonction de ses subtilités. Et pour les petits malins s’invitant tout de même à l’atelier sans y avoir été invités : ils repartent bredouilles, malgré les potentiels nombreux kilomètres parcourus ! Mais qu’importe le prix, les conditions d’achat voire la distance : le hang drum fascine les clients, qui sont toujours plus nombreux !

Une situation difficile à supporter pour les créateurs d’une telle attraction musicale ? À croire. Toujours est-il que la production de hang drum chez PANArt semble avoir cessé depuis septembre 2014, et que le couple se dédie depuis à la fabrication d’autres instruments, comme le Gubal… au grand dam des amoureux du hang drum toujours en quête de ce fameux « précieux », devenu rare sur le marché (et principalement d’occasion). En effet, peu de propriétaires de hang drum se permettent de revendre l’objet, par amour pour le hang mais aussi par engagement moral. Et gare aux arnaques et contrefaçons pouvant circuler de manière exponentielle sur le marché ! Pour les plus motivés d’entre tous les passionnés, le D.I.Y reste une possibilité… Malgré tout, avec l’engouement crée par la rareté du hang drum, certains artisans indépendants se sont penchés sur cet instrument afin de le reproduire : Halo drum, Caisa Drum, Hapi ou encore les français Space Drum notamment. Les versions, les matériaux et les sonorités diffèrent en fonction des maisons, et les instruments sont vendus à des prix plus ou moins abordables.  Il faut donc compter entre 800 et 3 000 pour s’octroyer un hang drum (une somme malheureusement encore pas à portée de tous les portefeuilles !). Il existe sinon les hank drum : des versions plus petites, en matériaux recyclés le plus souvent, et plus abordables, qui tournent entre 200 et 350 euros (voire 600 euros pour la plus grande pièce).

Comment se pratique le hang drum ?

Comme son nom l’indique, le hang drum est une percussion en acoustique  de la famille des idiophones. Le hang est un handpan et, par antonomase, le mot « hang » souvent utilisé à tort pour désigner l’ensemble des handpans. Il s’agit en fait d’une marque déposée de l’entreprise PANArt. Il se compose principalement de deux hémisphères métalliques liés entre eux bout à bout, formant alors un volume lenticulaire creux. En fonction de la matière usée pour fabriquer l’instrument et de l’endroit d’où l’on tape, le son résonne différemment. Sur la partie haute du hang, appelée le « ding », une note principale surplombe sept à huit notes qui l’entourent en cercle. Pour la partie basse, que l’on nomme le « gu », il s’agit d’une surface lisse ornée d’un trou en son centre. Le creux permet le phénomène de résonance d’air en cavité plus connu sous le nom de « résonance d’Helmholtz ». Il s’agit du même effet que l’on crée quand on souffle dans une bouteille de verre vide ! Pour en revenir aux possibilités sonores du hang drum, chaque note a trois harmoniques accessibles de diverses manières : soit on étouffe le son à l’aide de son doigt, soit on laisse résonner les harmoniques en frappant sur les côtés de la note. Les notes peuvent alors varier de la sonorité d’une cloche voire à celle d’une harpe…

Il se pratique à la main et sans baguettes (contrairement à son aîné le steel pans). Le plus souvent, on le dispose sur les genoux lorsqu’on en joue. On peut pratiquer l’instrument à deux mains, ce qui permet d’atteindre une plus grande variété de notes. Son son est intense, onirique. Effleurer subtilement l’instrument métallique résulte à une effusion de sonorités à la fois douces, relaxantes, surprenantes et hypnotiques. Il faut savoir que chaque hang a sa gamme qui lui est propre : pentatonique, quart de ton, indonésiennes, iraniennes voire hongroises… il existe même une gamme spécialement inventée par le compositeur et percussionniste franco-américain Steve Shehan !

En parlant d’artistes, certains musiciens de new age et de world music à la limite du mouvement hippie se font connaître par leur maîtrise du hang drum. On compte parmi eux le duo ambient et new age Hang Massive, ou encore la percussionniste japonaise Yuki Koshimoto qui, quant à elle,  joue sur un Space Drum. Le hang peut se jouer en solo ou, pour varier les plaisirs et la polyphonie, en duo, voire accompagné de plusieurs autres instruments. C’est ce qu’a en tout cas bien compris l'extravagant multi-instrumentaliste Mezerg, qui collabore avec son acolyte tout aussi ingénieux Wagaal, pour réaliser son titre Music for 2 One Man Bands. Un duo à la fois hallucinant et explosif !

En bref : tels les témoignages sur les OVNIs, le hang drum reste principalement un mythe par sa rareté, légende qui se nourrit notamment par de nombreuses démonstrations vidéos sur le net, preuves de son existence… et de la fascination portée par bon nombre d’aficionados envers cette soucoupe à sons, à la limite du surnaturel !

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