Couverture du Journal de Kurt Cobain © Michael Lavine / CPi – Design graphique : Tihuakan

Couverture du Journal de Kurt Cobain © Michael Lavine / CPi – Design graphique : Tihuakan

« Le rock est l’expression de la liberté en musique. Ce qui veut dire faire et jouer ce qu’on veut. Nirvana signifie se délivrer de la douleur et de la souffrance du monde extérieur, et ça rejoint ma définition de punk rock. » Ceci est une déclaration de Kurt Cobain extraite de son journal, qu’il écrit pour un essai de biographie destinée à la maison de disque DGC Records pour Nevermind.

Durant sa carrière, le leader mythique du trio grunge Nirvana a tenu un journal recueillant toutes ses pensées les plus intimes. En 2004, la célèbre journaliste musicale Laurence Romance (aussi connue pour avoir traduit la sombre autobiographie du tueur et musicien raté Charles Manson) décide de le retranscrire en français. Le livre paraît chez la maison d’édition Oh ! Éditions par Riverhead Books. Le livre se compose de pages de traduction de textes, annexées par les pages originales de l’agenda. On y voit donc l’écriture et les expressions fantaisistes du chanteur-musicien, mais aussi ses gribouillis, ses dessins voire ses bandes-dessinées à l’humour décalé… Le journal de Kurt Cobain, c’est également des extraits d’interviews, des lettres professionnelles, des échanges entre lui et ses amis des Melvins ou des Hole, ainsi que des ébauches de covers d’albums et des esquisses de paroles. C’est en effet une part non négligeable du processus créatif de l’artiste, qui modifie au fil des pages ce qui va devenir les chansons que l’on connaît tous de nos jours.

 À travers ses écrits, Cobain dévoile tout le côté sombre et sensible de sa personne. Il faut dire que le jeune homme a toujours connu bien des déceptions tout au long de sa vie. Problèmes familiaux, déboires amoureux, addictions, angoisses de jeune père… On est aussi bien pris d’affection que d’une certaine aversion pour ce personnage. En effet, certaines de ses élucubrations s’avèrent quelques peu trash, voire carrément décousues : on est mal à l’aise face à l’égarement de l’artiste quand il est en prise à la drogue. Malgré tout, certaines de ses réflexions s’avèrent lucides, voire profondément humanistes : Cobain était un homme incompris, sensible, qui s’insurgeait contre l’injustice sociale, que ce soit dans l’égalité femme-homme ou bien la discrimination « raciale ». Il exprime aussi sa vision et son dégoût envers l’industrie musicale dans lequel il baigne. On s’aperçoit également de son profond manque d’estime de soi et d’affection en tant que jeune homme « rachitique ».  On lit et on assiste, impuissant, à la chute précipitée de cet homme à qui la célébrité n'a fait qu'accroître ses angoisses...

Prix : J’ai personnellement trouvé le livre en brocante à cinq euros (une bonne affaire, en effet !). Le bouquin peut également s’acheter dans des librairies indépendantes, en grande surface ou bien en ligne, au prix original de 18,90 euros. Le prix peut très vite varier entre 10 et 20 euros. J’ai même vu des prix allant en-dessous des 5 euros sur le net : attention néanmoins aux arnaques ! Les plus chanceux d’entre nous pourront également trouver le journal en brocante ou dans des dépôts-ventes (de type Cash Converter).

Pages extraites du Journal de Kurt Cobain © Laurence Romance
Pages extraites du Journal de Kurt Cobain © Laurence Romance
Pages extraites du Journal de Kurt Cobain © Laurence Romance
Pages extraites du Journal de Kurt Cobain © Laurence Romance

Pages extraites du Journal de Kurt Cobain © Laurence Romance

Avis : Alors, dans un premier temps : il peut y avoir quelques moments de flottement dans le livre qui peuvent lasser un peu. J’ai effectivement eu des impressions de "déjà lu" lors de quelques passages, par exemple… Certains récits peuvent également choquer un public sensible, le livre étant donc à lire avec une certaine distance.  Néanmoins, pour connaître l’artiste : rien de mieux que de lire directement ses récits !

Malgré ces quelques « couacs », je ne peux que saluer le travail de Laurence Romance, qui rend véritablement hommage à l’artiste par cette œuvre. Quand bien même on peut douter de l'aspect "moral" de la publication au grand jour du journal intime d'un artiste aussi célèbre après sa mort, Laurence Romance a fait la traduction dans les règles de l’art. La journaliste a su en effet traduire son journal parfaitement tel quel, sans retouche aucune. On voit par ailleurs que l'écrivaine a fourni des recherches colossales pour compléter notre compréhension des dires de Kurt, aussi bien au sujet de sa vie professionnelle que personnelle. On entre vraiment dans l’intimité de l’artiste à travers ce journal, dans les bons moments comme les pires… Le livre est donc inévitablement à mettre dans notre bibliothèque si on souhaite en savoir plus sur l’un des membres légendaires du « Club des 27 ». Eh bien sûr, pour nous mettre dans l’ambiance lors de la lecture : il faut écouter du Nirvana en boucle !

À voir également : La biographie de Kurt Cobain par Henry Chartier publié chez Oslo, Du Nirvana à l’Enfer, qui explique assez bien la vie et la carrière du jeune artiste et ce, dans une œuvre assez courte ! Mais ça, ce sera pour un prochain article « Culture Musicale »…

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